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C’est vrai, cent ans de colonisation, cent ans d’acculturation n’est pas une petite histoire que l’on pourrait facilement changer dans la vie d’un peuple !
L’œuvre du colonisateur a tellement fonctionné qu’elle a généré des hommes et des femmes parfaits qui exécutent sans défaut les ordres du Maître. Oui, depuis des années le peuple africain, le peuple noir a toujours été, aux mains des puissances occidentales, un objet traité comme tel.
Bien qu’ayant été « libérés », bien qu’ étant devenus indépendants, l’Afrique et ses enfants se sont toujours comportés en « sous-hommes » obligés de quémander leur existence auprès de ces mêmes puissances coloniales.

Alain Mabanckou  » François Hollande n’a pas validé l’élection qui s’est passée au Congo. » (Interview accordée à RFI le 12 mai 2016)

Plus de cinquante années après la décolonisation ces propos pourraient faire retourner nos grands-parents dans leur tombe.
L’Afrique serait-elle vraiment malade de ses propres fils ? Sans doute oui !Comment peut-il en être autrement si nous ne prenons pas conscience que l’indépendance qu’on prétend nous avoir accordé veut tout simplement dire qu’on est plus obliger de recevoir des ordres depuis l’Elysées, qu’on est plus contraint de se rendre à Paris ou à Bruxelles pour soi-disant chercher un hypothétique soutien !
En observant confusément l’évolution des processus socio-démocratiques des pays africains, surtout particulièrement ceux de l’espace francophone, on peut se rendre vite à l’évidence du rôle prépondérant et très souvent controversé joué par une capitale dans le choix des dirigeants africains : Paris.
Alain Mabanckou, le reconnait :
« La France, malheureusement, choisit ou décide qui pourra être le président de la République dans tel ou tel pays. »
Mais que fait-il dans ce cas pour que nos pays ne soient plus des sous-préfectures de la France ? Que fait-il donc pour que notre indépendance ne soit plus une indépendance littéraire ?
Manifestement rien ! Si ce n’est de continuer d’agir et de faire passer la France pour la « Plénipotentiaire » de l’Afrique noire.
Pourquoi une si grande importance accordée à un pays admis par tous comme  alors que nous réclamons et proclamons notre indépendance ?
Sommes-nous conscients que le joug sous lequel le peuple africain croupi depuis des années est simplement le fruit de notre « irresponsabilité » vis-à-vis de nous-mêmes ? Le fruit de l’« étourderie » de nos dirigeants politiques (de tous bord) et de nos intellectuels qui nous ramènent toujours à l’ère de la colonisation …
«…vous savez que les gouvernements africains ont toujours tendance à boire du lait dans les mamelles de la France… » Alain Mabanckou confiait-il à RFI,
Un moi après cette interview c’est ce même Alain Mabanckou qui est reçu, le 14 juin 2016, avec tous les honneurs dans le palais du Maître, celui-là qui a l’onction de vie et de mort sur l’Afrique.
Rencontrer François Hollande dans un cadre strictement privé sans lien avec la politique du Congo n’aurait déranger personne surtout pas moi puisque Alain est également citoyen français. Mais malheureusement ce qui s’est joué au palais de l’Elysée concerne le sort de tout les congolais et dans un sens plus large le sort des africains.
C’est vrai le peuple congolais fait face à un drame mais d’où vient -il ce problème qu’évoque Alain Mabackou ?
Pour ceux qui ont encore bonne mémoire, les propos de François Hollande, lorsque Sassou N’guesso a décidé de modifier la constitution de son pays, doivent encore résonner comme un coup de tonnerre dans le ciel démocratique congolais.

« Le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit, et le peuple doit répondre » François Hollande lors d’une conférence de presse à l’Elysée en octobre 2015.
Une phrase qui n’avait pas manqué de susciter le tollé sur le continent !
La France a parlé et la suite on la connait. Denis Sassou N’Guesso a été réélu au premier tour du scrutin présidentiel de mars 2016.
C’est devant celui qui a cautionné la candidature du Président congolais, que l’écrivain très éclairé et très inspiré se retourne pour chercher des solutions afin d’éviter au Congo un drame.

mabanckou-3Soit je suis dans les nuages, dans un autre monde et là j’accepte que je ne maîtrise rien de la politique des hommes sur la terre, soit je suis un humain, un terrien et je rejette le comportement, parfois malsain, de certains intellectuels, qui pensant lutter pour la libération de leur peuple, prolongent en réalité sa souffrance en allant se prosterner devant ceux-là qui ont intérêt que rien ne bouge. C’est faire preuve de naïveté que de penser que François Hollande qui a donné son avis favorable pour la modification de la constitution au Congo (en octobre 2015) puisse faire quoi que ce soit contre le Président Denis Sassou Nguesso.

Il en est de même pour les opposants africains qui dans leur combat pour la démocratie en Afrique ont fait de Paris ou de Bruxelles, leur base arrière. Pourquoi faut-il se rendre forcément à Paris pour préparer une compétition électorale ? Pourquoi faut-il forcément se retrouver à Bruxelles afin de jeter les bases d’une unité d’action de l’opposition.
Dans presque tous les pays africains francophones, c’est le mode de fonctionnement des leaders politique voire même de certaines sociétés civiles.
Non ! Détrompons-nous, la libération de notre continent, l’évolution démocratique de notre continent ne passera jamais par la France.
Aux peuples africains je dirais de prendre garde avec ces hommes qui trainent à chaque fois dans les couloirs de l’Elysée et du Quai d’Orsay pour avoir je ne sais quel soutien. Le seul qui vaille c’est celui du peuple ! Le soutien d’un autre ne fera que perpétuer notre consignation. Le combat politique pour notre libération doit se jouer ici en Afrique avec nos propres moyens. Il nous faut des vrais leaders qui soient totalement indépendants, des hommes politiques qui ne soient pas obligés de remercier la France pour services rendus en leur livrant nos ressources minières à de vils prix ! Des leaders qui ne soient pas contraints de récompenser « des amis », des intellectuels libres de tout engagement.
Il est temps d’opérer une véritable révolution intellectuelle. Les capitales occidentales ne sont pas un passage obligé pour prendre le pouvoir. Tant que nous continuerons à se rendre dans ces pays, tant que nous continuerons à faire de la parole de n’importe quel français, une parole d’évangile, nos pays seront toujours à la traîne. La solution à nos problèmes c’est ici sur le continent. C’est aussi entre nous. Ne vendons pas moins cher nos pays en pensant qu’on a des « amis en Europe » qui peuvent nous aider. C’est faux tout ça ! Après tout la vie c’est un combat, chaque espèce lutte pour sa survie. Chaque Nation lutte ainsi pour sa survie, et qui parle de lutte pour la survie fait appel à toutes les conduites possibles, même celles les plus inimaginables.