Au cours de ces dernières semaines, le Journal Liberté de notre confrère ZEUS AZIADOUVO ou MEDARD AMETEPE, s’est particulièrement illustré dans une série d’articles portant sur le Port Autonome de Lomé. De ses analyses, il ressort que le port de Lomé était systématiquement vidé de ses importateurs, opérateurs économiques, au profit de celui du Bénin sous prétexte que la nouvelle politique fiscale et douanière portée par l’Office Togolaise des Recettes était trop exigeante. Pour parler avec des preuves, voici ce que écrit ce journal dans sa parution N°2257 du 17 Aout 2016 : «Malgré les investissements engagés pour son agrandissement, le PAL peine à attirer les opérateurs économiques qui préfèrent accoster dans des ports voisins. Les mesures antiéconomiques seraient pour beaucoup dans cette chute des recettes. »
Dans sa parution N°2288 du 30 Septembre 2016, ce même journal corrobore : « Les années passent, mais au Port autonome de Lomé (PAL), c’est la désaffection, une situation qui impacterait négativement les chiffres ».
Comme pour persister et sceller la défense de cette idée, le même Journal Liberté a rebondi dans un article de sa parution N°2297 du jeudi 13 Octobre 2016 dont voici un extrait : « Le Port autonome de Lomé, même si le pouvoir ne cesse de vanter ses mérites, le peignant comme le seul port en eaux profondes de la sous-région, ses performances sont loin d’aller avec ce statut. Elles vont plutôt decrescendo, le port de Lomé étant fui par les opérateurs économiques qui vont sous d’autres cieux plus cléments. Cela fait un bout de temps que l’on relève cette situation afin de réveiller… »
Mais comme par enchantement, dans sa livraison du Vendredi 28 Octobre 2016, le même quotidien Liberté titre à la une : «Brouille Diplomatique entre voisins ? Le Bénin accuse le Togo de saboter son économie ». (Liberté N° 2308). D’après notre confrère qui reprend à son compte une analyse d’un journal du Bénin, le Port de Lomé fait saigner le Trésor Public béninois du fait de la désertion du Port de Cotonou par les importateurs et hommes d’affaires au profit de celui de Lomé dont les tarifs sont très concurrentiels. L’attrait du Port de Lomé a donc pour conséquence la baisse de l’activité économique portuaire au Bénin et par ricochet, des pertes de recettes importantes pour le Trésor public de nos voisins béninois.
Nous voici en face de deux informations aux antipodes l’une de l’autre. Deux analyses menées par un même journal sur un même sujet mais qui présentent des contradictions évidentes pour tout lecteur attentif. Loin donc d’édifier le citoyen, ces articles sèment plutôt la confusion et la zizanie au sein de l’opinion. En fin de compte, que faut-il retenir du Port de Lomé et notamment de son niveau d’attractivité pour les commerçants ?
Pour un citoyen lambda, la tâche n’est pas aisée ; avouons-le tout de suite. Entre ces deux informations professées par un même journal, il se retrouve perdu et voit son niveau de jugement altéré par le va-et-vient auquel se livre le journal dans les deux analyses. Ce flou non artistique, contribue malheureusement à déboussoler et abrutir le citoyen qu’on est supposé former et éduquer en mettant à sa portée des informations justes et impartiales qu’il ne saurait lui-même obtenir.
Et c’est ce que nous avons très souvent décrié au sein de la corporation. Ce n’est pas la première fois qu’un même organe présente une chose hier et son contraire aujourd’hui sans qu’on ait pu relever la dynamique qui a pu faire évoluer le débat jusqu’à cette contradiction. Cette manière de fonctionner laisse des doutes sur le niveau de compétence et d’engagement des acteurs à faire de leur métier un véritable tremplin pour l’épanouissement de la population. La presse togolaise est malade, disons-le sans ambages. Le quotidien Liberté dont il est question ici n’est pas à son premier coup. Entre sauts de numéro, déformation des faits et mensonges, les maux sont nombreux. Mais c’est l’inconsistance et l’inconstance des idées véhiculées qui frappent le plus. Aucune opinion n’est véritablement défendue, tout ce qui peut attirer l’attention, tout ce qui peut susciter le «buzz» est repris sans discernement. La seule logique qu’on leur connait, c’est le fait de présenter tout le temps notre pays sous de mauvaises couleurs même dans les domaines où on constate des avancées notables. Remplis d’aigreur et de haine, ces journalistes finissent par s’afficher en ridicules devant des observateurs avertis.
Et dire que c’est des journalistes de ce niveau de médiocrité qui s’étonnent de voir les premiers responsables du pays se tourner vers une agence de communication étrangère pour la couverture médiatique du Sommet sur la Sécurité Maritime.
Si cette mission avait été confiée à une agence de presse favorable au pouvoir, ce sont les mêmes journalistes qui allaient crier à la gabegie, au clientélisme, au favoritisme, au régionalisme et même au tribalisme. Et pourtant, ils n’imposent pas à leur ligne éditoriale, le minimum de rigueur pour que les gens les prennent au sérieux. Un journal peut opter pour une ligne éditoriale qui amène l’opinion à le déclarer proche de l’opposition ou du régime au pouvoir. Sa position par rapport à l’opposition ou au régime au pouvoir n’est pas ce qui importe ; ce qui importe c’est la rigueur et le sérieux avec lesquels, malgré sa tendance, il aborde et traite les problèmes du pays pour les rendre accessibles, voire les partager avec les citoyens communs. C’est inadmissible que pour juste faire plaisir à une certaine opposition, on se plaise à faire de l’activisme en croyant faire un journalisme professionnel. Comment peut-on prendre au sérieux un journal qui se contente seulement de relayer sans aucune analyse, des sujets ramassés ça et là sur la simple base qu’ils peuvent altérer l’image du régime en place, et donc être d’un certain intérêt pour l’opposition, sans se soucier de leur incidence sur la réputation qu’il peut avoir au niveau de l’opinion ?
En optant de confier la couverture médiatique du Sommet sur la Sécurité Maritime à une agence de communication étrangère, les autorités togolaises seraient sans nul doute arrivées à cette alternative malgré elles car sur le terrain, dans tout le lot de journalistes que compte notre pays, peu sont ceux qui émergent et qui s’efforcent de respecter les standards journalistiques.
A cette allure, si aucune véritable prise de conscience ne s’opère, on finira par perdre toute crédibilité même devant l’opinion internationale où nos organes de presse seront toujours tagués comme des torchons ou pire, des brouillons.
A vouloir trop jouer la carte politicienne sans aucun discernement, on finit par tomber dans un merdier. Zeus AZIADOUVO, ex-patron du journal Liberté, après avoir passé la main à son poulain MEDARD AMETEPE, a gouté un peu à cette merde. Habitué aux manies des responsables de l’ANC qui traitent de vendus et de corrompus tous ceux acceptent de participer au fonctionnement des institutions de notre pays, Zeus AZIADOUVO a été soumis à un choix cornélien lorsqu’il a été choisi pour siéger à la HAAC dans les circonstances que tout le monde sait. Et quand il a opéré le choix d’aller « à la mangeoire » tout le monde sait les affronts qu’il a dû essuyer avant d’être là-bas aujourd’hui. Et pourtant, ses maîtres de l’ANC siègent à l’assemblée nationale, sont soit président de groupe parlementaire, soit présidents de commissions parlementaires, effectuent régulièrement des missions parlementaires quand bien même ils sont le plus souvent absents aux plénières, touchent régulièrement leurs indemnités et se font même complices du régime RPT-UNIR en gardant un silence de carpes sur le redoublement de leurs indemnités, attestant ainsi qu’ils font aussi partie de cette minorité qui pille…Un proverbe de chez nous ne dit-il pas : « La bouche qui mange, ne parle pas » ? ….. Fermons la parenthèse.
Si la presse togolaise dans son ensemble espère revendiquer une certaine forme de légitimité, il faudra qu’elle cesse de jouer à la carte politicienne qui amène souvent les journalistes à pondre des articles pour plaire aux hommes politiques. Il faut rompre avec cette démarche qui n’a rien de professionnel. A une certaine époque aujourd’hui révolue, ses pratiquants lui donnaient le nom de ‘journalisme de combat’ ou de ‘journalisme militant’. Aujourd’hui où la pensée n’est plus embrigadée et où la parole est libérée, faire du journalisme en évoquant ces terminologies périmées, serait ériger des voiles sur son bitos, donc, son petit business. Il faut sortir des sentiers battus et proposer du nouveau !