L’exercice démocratique dans nos pays n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Le processus démocratique du continent africain a été souvent émaillé d’embuches de toutes sortes.
Et ces embûches ne viennent plus des grands marchands d’armes ou de grands mercenaires que le monde a connus il y a une trentaine d’années. Non ; le venin de l’instabilité politique et sécuritaire de nos pays passent désormais par des entités diplomatiques et organisations internationales qui se servent des processus électoraux pour infiltrer et manipuler des acteurs locaux afin que prévalent leurs agendas.
Eric STROMAYER
Ambassadeur des Usa au Togo
Les éléments et les faits pris isolément ne peuvent pas étayer nos assertions mais mis ensemble et entrecroisés, l’analyse aboutit à une conclusion évidente : les processus électoraux sont aujourd’hui devenus pour les puissances occidentales, le canal idéal pour déstabiliser les pays africains et assouvir leurs ambitions qui se résument aux pillages dans la plupart des cas.
C’est ce que nous avons constaté une fois encore dans notre pays, le Togo, depuis que la phase active du processus électoral a été lancée.
De l’observation électorale jusqu’à la proclamation provisoire des résultats, il y a eu des faits et des évènements intrigants venant de la part de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique au Togo. Le point culminant de l’activisme de cette ambassade autour de notre processus électoral est la publication le mardi 26 février passé d’un communiqué suggérant à la CENI de recompter les voix bureau de vote par bureau de vote.
Manifestement non content de la manière dont les choses se sont déroulées dans le calme et l’apaisement, l’ambassade américaine à Lomé cherche vaille que vaille à s’ingérer dans les affaires électorales togolaises et provoquer une crise. En effet dans son communiqué, l’ambassade déclare : « Une mesure que le gouvernement du Togo pourrait prendre pour accroître la transparence est de publier les résultats bureau de vote par bureau de vote afin accroître la confiance de tous en les résultats finaux ».
Un communiqué tendancieux qui a bien évidement suscité la polémique et la confusion au sein de l’opinion.
Comment une entité étrangère qui n’a ni financé le processus électoral d’un pays souverain et qui n’est nullement associé dans ce processus, peut-elle ouvertement s’engager dans de telles déclarations si derrière elles, ne se cache pas la volonté manifeste de pousser notre pays à renouer avec les vieux démons du passé ?
Au-delà de la polémique suscitée par ce communiqué aux relents déstabilisateurs, il est question de savoir quel sera l’avenir des organisations locales qui ont souvent été parrainées par cette ambassade dans le pilotage de leurs activités sous le couvert de la société civile.
Dans le lot de ces organisations locales se dégagent deux structures à savoir la Concertation Nationale de la Société Civile (CNSC) et le Conseil Episcopal Justice et Paix (CEJP).
A la lumière du communiqué de l’ambassade des Etats-unis d’Amérique au Togo, il est clair que ces organisations locales sont des instruments par lesquels cette ambassade passe pour distiller des mercenaires sur notre territoire. Comme nous l’affirmions plus tôt, le mercenariat n’est plus à rechercher sur les champs de guerre mais au sein des organisations dites de la société civile. A y voir de prêt, certains partenaires de ces organisations viennent dans nos pays à des fins de déstabilisation.
On se rappelle qu’à la veille des élections locales, les autorités togolaises avaient pris des mesures restrictives à l’endroit du CEJP concernant l’observation électorale que cette organisation a souhaité faire. A l’époque, cette mesure avait soulevé des interrogations mais sa légitimité se comprend quand on cherche à y voir clair.
En effet, d’après des sources proches des responsables du CEJP, cette organisation est financée dans ses activités par des institutions parrainées par l’ambassade des Etats-Unis au Togo. En faisant la relation avec ce qui s’est passé tout récemment avec les agents du NDI qui ont débarqué à notre aéroport sous prétexte d’être des partenaires de la CNSC pour couvrir les élections, on comprend dès lors pourquoi le ministère de l’Administration Territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales s’était montré méfiant vis-à-vis des activités du CEJP.
L’ambassade des Etats-unis d’Amérique au Togo en rendant un communiqué d’une telle nature, exprime tout haut ce que les autorités togolaise redoutaient, c’est-à-dire qu’elle s’est inscrite depuis un certain temps dans la logique de provoquer l’instabilité au Togo et ceci n’est pas surprenant quand on sait que les pays occidentaux ont toujours tiré profit de la situation chaotique qui s’installe dans les pays qu’ils ont contribué à déstabiliser notamment, Lybie Mali, Burkina, Centrafrique, Cote d’Ivoire, RDC
La mise à nu de ce stratagème déstabilisateur de l’ambassade des Etats-Unis au Togo doit pouvoir amener les autorités togolaises à passer au peigne fin les activités des organisations de la société civile parrainée par l’ambassade des Etats-Unis au Togo.
Et dans le cas d’espèce, la CENI doit obligatoire poursuivre la CNSC et le CEJP devant les tribunaux togolais pour complicité avec une entité étrangère aux fins de déstabiliser le processus électoral et par-delà les institutions de la République.
Cette démarche s’avère nécessaire dans la mesure où la plupart des pays africains qui se sont retrouvés dans une situation d’instabilité, l’ont été pas par leur propre volonté, mais du fait de l’ingérence des forces extérieures dans les affaires intérieures des Etats, malheureusement avec la complicité de certains acteurs nationaux.
Cette action en justice de la CENI doit pouvoir donner matière au ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales pour retirer purement et simplement les récépissés de ces organisations conspiratrices et les empêcher de poursuivre leur sombre dessein.
Ce qui est rigoureusement combattu aux Etats-Unis ne saurait être toléré ici. L’ingérence russe dans les affaires politiques américaines est combattue avec rigueur. Au Togo, nous ne permettrons pas que des descendants des «colons esclavagistes» continuent de nous donner des ordres.
Peter TCHALAWOU 