Depuis la Conférence Nationale Souveraine jusqu’à nos jours, l’Église catholique togolaise a échangé sa chaire sacrée contre l’agitation de l’arène politique. Cette transformation troublante soulève des questions essentielles sur le rôle de l’institution dans notre société depuis des décennies.
En effet, lorsque notre parlement a adopté légalement une nouvelle constitution, passant le pays d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, l’Église s’est lancée dans un activisme politico-religieux effréné. Des communiqués partisans ont surgi ça et là, prophétisant l’apocalypse sur le Togo. Des discours tendancieux et injurieux à l’encontre des dirigeants ont circulé, et des homélies teintées de politiques nauséabondes ont abondé.
Mais qui s’exprime en réalité ? L’Église catholique ? Que diable ! Apparemment, elle a oublié de nettoyer sa maison avant de s’aventurer dans le terrain boueux de la politique. Nos évêques et prêtres prédateurs sexuels ont oublié les ombres qui planent sur leur institution : pédophilie, mafia, corruption, adultère, crime… passons.
Récemment, c’est le refus de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) d’accréditer les observateurs de la Conseil Épiscopal Justice et Paix Togo(CEJP) qui a déclenché le courroux ecclésiastique. Sur Radio Vatican, Mgr Benoît Alowonou a exprimé son désarroi, craignant un destin lugubre pour notre nation.
La CENI a justifié son refus en invoquant l’absence de preuves quant à la source de financement de la mission d’observation électorale proposée par la CEJP. C’est une exigence légitime dans un contexte où la transparence financière est cruciale pour la santé démocratique. Nous estimons que la CENI a été clairvoyante en exigeant des preuves de financement.
Il est troublant de constater que l’Église dispose de ressources financières pour déployer des centaines d’observateurs, alors que des nécessiteux tendent la main aux portes de ses édifices. Des orphelins attendent une main qui volera à son secours, mais l’institution semble plus préoccupée par le jeu politique.
La CEJP doit se rappeler de son rôle lors de sa constitution. Est-ce à elle d’investir dans l’arène politique ? L’Église togolaise aspire-t-elle à devenir un parti politique ? Il est impératif que cela soit clarifié, que les fidèles sachent où se situe la ligne entre la religion et la politique.
Il est temps de dresser une limite, de mettre un frein à cette intrusion dans le domaine politique. Les chapelles ne doivent pas être transformées en tribunes politiques. Si l’on souhaite entendre des discours politiques, d’autres plateformes sont disponibles. L’église est un lieu de réconfort spirituel, pas une agora pour des débats partisans.
En ces temps incertains, où les fondations de notre démocratie sont mises à l’épreuve, il est crucial que chaque institution joue son rôle avec intégrité et discernement. L’Église catholique togolaise doit retourner à sa vocation première : guider les âmes, non pas influencer les scrutins.