Archives de avril, 2024


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Depuis la Conférence Nationale Souveraine jusqu’à nos jours, l’Église catholique togolaise a échangé sa chaire sacrée contre l’agitation de l’arène politique. Cette transformation troublante soulève des questions essentielles sur le rôle de l’institution dans notre société depuis des décennies.

En effet, lorsque notre parlement a adopté légalement une nouvelle constitution, passant le pays d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, l’Église s’est lancée dans un activisme politico-religieux effréné. Des communiqués partisans ont surgi ça et là, prophétisant l’apocalypse sur le Togo. Des discours tendancieux et injurieux à l’encontre des dirigeants ont circulé, et des homélies teintées de politiques nauséabondes ont abondé.

Mais qui s’exprime en réalité ? L’Église catholique ? Que diable ! Apparemment, elle a oublié de nettoyer sa maison avant de s’aventurer dans le terrain boueux de la politique. Nos évêques et prêtres prédateurs sexuels ont oublié les ombres qui planent sur leur institution : pédophilie, mafia, corruption, adultère, crime… passons.

Récemment, c’est le refus de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) d’accréditer les observateurs de la Conseil Épiscopal Justice et Paix Togo(CEJP) qui a déclenché le courroux ecclésiastique. Sur Radio Vatican, Mgr Benoît Alowonou a exprimé son désarroi, craignant un destin lugubre pour notre nation.

La CENI a justifié son refus en invoquant l’absence de preuves quant à la source de financement de la mission d’observation électorale proposée par la CEJP.   C’est une exigence légitime dans un contexte où la transparence financière est cruciale pour la santé démocratique. Nous estimons que la CENI a été clairvoyante en exigeant des preuves de financement.

Il est troublant de constater que l’Église dispose de ressources financières pour déployer des centaines d’observateurs, alors que des nécessiteux tendent la main aux portes de ses édifices. Des orphelins attendent une main qui volera à son secours, mais l’institution semble plus préoccupée par le jeu politique.

La CEJP doit se rappeler de son rôle lors de sa constitution. Est-ce à elle d’investir dans l’arène politique ? L’Église togolaise aspire-t-elle à devenir un parti politique ? Il est impératif que cela soit clarifié, que les fidèles sachent où se situe la ligne entre la religion et la politique.

Il est temps de dresser une limite, de mettre un frein à cette intrusion dans le domaine politique. Les chapelles ne doivent pas être transformées en tribunes politiques. Si l’on souhaite entendre des discours politiques, d’autres plateformes sont disponibles. L’église est un lieu de réconfort spirituel, pas une agora pour des débats partisans.

En ces temps incertains, où les fondations de notre démocratie sont mises à l’épreuve, il est crucial que chaque institution joue son rôle avec intégrité et discernement. L’Église catholique togolaise doit retourner à sa vocation première : guider les âmes, non pas influencer les scrutins.


Une fois encore, l’opposition togolaise est de répéter ce qu’elle a toujours l’habitude de faire et qui ne lui a jamais souri. Notamment se précipiter pour trouver des boucs émissaires devant des énigmes plutôt que de voir la réalité en face et d’assumer ses propres responsabilités. Cette habitude de blâmer les autres, cette attitude de rejet des conséquences de ses actes sur les autres est une tactique de diversion qui cache les vrais défis auxquels l’opposition togolaise est confrontée depuis des années. Face à l’énigme que vient de poser un groupe de députés à l’Assemblée Nationale proposant de passer d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, l’opposition n’a trouvé autre argument que d’accuser le groupe MANSSAH d’Alain FOKA de faire du TOGO le champ d’expérimentation de ses idées. N’est-ce pas là, une fuite en avant ?

Simplifions les choses : Comment en est-on arrivé là ?

Premièrement, il est important de reconnaître que la configuration actuelle de l’Assemblée Nationale découle en partie du boycott des élections par l’opposition en 2018. Ce choix stratégique a laissé le champ libre au parti au pouvoir, lui permettant d’avoir les coudées franches pour modifier  [dans un premier temps]  la constitution en 2019 et soutenir [en décembre 2023]une proposition de loi faisant passer le Togo à une 5ème République.

En se détournant du processus électoral, l’opposition a en quelque sorte renoncé à sa capacité d’influence politique, ouvrant la voie à une domination plus facile du régime en place. Même un enfant de bas âge sait que la nature à horreur du vide. « Vous avez déserté le parlement, assumer les conséquences jusqu’au bout. »

manssah

Ensuite, accuser Alain FOKA d’être derrière une initiative du parlement togolais, telle que la proposition de passer à un régime parlementaire, est une manière simpliste de détourner l’attention des véritables enjeux. Les réflexions d’Alain FOKA sur la démocratie en Afrique peuvent servir de source d’inspiration ou de point de départ pour des débats, mais les mettre en avant comme la cause principale des décisions politiques togolaises est trompeur et réducteur.

De plus, critiquer Alain FOKA pour son travail en faveur de l’émancipation de l’Afrique et pour un continent décomplexé semble être une manière de détourner l’attention du véritable débat. En s’attaquant à une personnalité extérieure qui prône l’indépendance véritable et le développement de l’Afrique, les détracteurs semblent ignorer les problèmes internes et préfèrent se décharger de leurs propres responsabilités.

En réalité, les véritables défis du Togo sont avant tout le résultat de problèmes internes. Il nous faut nous-même chercher les solutions à nos propres problèmes.

Blâmer Alain FOKA ou d’autres personnalités extérieures ne résolvera pas nos crises, mais sert plutôt à détourner l’attention du public et à éviter de prendre des mesures pour y remédier. L’opposition togolaise et ces leaders d’opinion devraient adopter une approche plus constructive en reconnaissant leur propres erreurs et en cherchant des solutions internes à leur difficulté. Accuser des tiers comme Alain FOKA ne fait que perpétuer un cycle de blâme stérile et détourne l’attention des problèmes réels qui nécessitent une attention urgente.

Ce n’est pas Alain FOKA qui a conseillé à l’opposition de boycotter les élections en 2018. Ce ne sont pas les membres du groupe MANSSAH qui siègent au parlement. Ce sont les togolais. Le togolais est assez intelligent et on le prouve de part le monde. Le Togo a des constitutionnalistes et n’ont pas besoin d’Alain FOKA pour savoir qu’il y eu trop de fixation sur le fauteuil présidentiel et qu’il est temps d’essayer un nouveau système politique. Edem KODJO disait lors de la conférence nationale il y a plus de 30 ans ceci :

« Bâtir l’État de droit, c’est avant tout doter le pays d’une loi fondamentale, d’une constitution qui assure un équilibre des pouvoirs et qui exclut à jamais les dérives totalitaires et les tentations du pouvoir personnel. Le présidentialisme, ce système politique qui implique l’omnipotence d’un chef d’État, rouage cardinal des institutions, a fait la preuve de ses limites dans une Afrique livrée à l’arbitraire. Il est le soubassement avéré et la façade institutionnelle de ce que j’ai nommé quelque part le despotisme obscur. Il faut l’abolir, il faut l’abolir de notre vision de demain pour inventer une organisation politique nouvelle, faut-il le clamer fort. Le présidentialisme, voilà l’ennemi. À cet égard, le système parlementaire aurait toute notre préférence en ce qu’elle implique une structuration dans laquelle le chef de l’État règne mais ne gouverne pas. Issu de la majorité que les législatives ont établi, un premier ministre assume la réalité du pouvoir et est responsable devant les représentants du peuple, le Parlement. Dans un tel système, le pouvoir judiciaire joue un rôle fondamental. Je demeure persuadé que le système parlementaire est celui que nous devons adopter dans le long terme. »

Edem KODJO lors de la conférence