Archives de août, 2018


S’il existe dans notre pays une institution en laquelle les citoyens n’ont aucune confiance, c’est la Justice.

Ce corps est décrié depuis longtemps à cause des nombreux maux qui le gangrainent et au nombre desquels on peut citer: l’arbitraire, la corruption, le clientélisme, l’incompétence, le manque de conscience professionnelle, etc. S’il est vrai que parmi les problèmes qui minent la Justice, figurent d’abord ceux relatifs à la qualité de ses ressources humaines, il ne faut pas cependant ignorer les conditions de travail des Magistrats qui sont aussi un facteur important.

C’est pourquoi le projet de modernisation de la Justice initié depuis quelques années par le Gouvernement avec l’appui de certains partenaires internationaux s’inscrit dans une approche globalisante, en tenant compte de tous les aspects et en privilégiant l’amélioration du cadre de travail et du traitement de ceux qui ont la grande responsabilité de veiller au respect des lois et qui sont les gardiens d’un environnement juste et équitable dans notre société.

C’est pour cela aussi qu’il existe au sein du corps des Magistrats, une activité syndicale animée par deux grandes associations – l’APMT et l’ANM – qui luttent chaque jour pour éviter que le personnel de la Justice ne plonge dans la précarité et que la justice soit dite dans le meilleur des cadres possible.

Il y a quelques années, ces deux associations ont obtenu le vote d’un statut particulier des Magistrats, et c’est encore sous leur houlette que récemment la revendication des 290 points a reçue satisfaction auprès du Gouvernement.

Cependant, face au crime rampant et à la dangerosité des réseaux criminels qui foisonnent aujourd’hui dans nos sociétés, tous ces efforts pour redorer le blason de la Justice togolaise risquent d’être nuls si l’on n’associe pas une stratégie basée sur la vigilance pour éloigner les vautours de tout poil qui peuvent tenter d’infecter l’appareil judiciaire en vue de le contrôler et de l’utiliser pour leurs intérêts.

En effet, il se rapporte ces derniers jours qu’une nouvelle association de magistrats s’apprête à voir le jour et l’Assemblée Générale constitutive est prévue pour le samedi 18 août 2018 à SOTOUBOUA dans les locaux de la société CECO GROUP. Le principal pionnier de ce projet est un jeune magistrat du nom de DOGO Henry, en poste au Tribunal de KPALIME comme Substitut du Procureur de la République.

De loin, il n’y a à priori rien d’anormal, même si on peut d’abord se demander si les initiateurs de ce projet pensent que la meilleure approche aux problèmes de la Justice se trouve dans la multiplication des syndicats et s’ils ont l’intention de faire autre chose que ce que les deux associations actuelles font déjà sans risquer de sortir du cadre de la loi quand on sait que le Magistrat est soumis à un code de déontologie relativement rigoureux, notamment le devoir de réserve.

Mais à voir de près, il se cachent derrière le projet de la nouvelle association, des aspects inquiétants qu’il est important de mettre ici en lumière pour éviter un gros piège qui se profile à l’horizon.

D’abord, il semble que le Juge DOGO qui en est le principal initiateur, soit le filleul d’un ancien ministre impliqué dans la plus grande affaire d’escroquerie que le TOGO ait connu et qui est encore sous le coup de poursuites judiciaires. C’est cet ancien ministre qui a fait entrer DOGO à l’ENA quand il était aux affaires et avec qui le Juge entretient une filiation familiale.

Ensuite, l’on apprend aussi que le Juge DOGO se rend régulièrement à ACCRA au GHANA depuis le début du projet où il rencontre M. AGBA BERTIN, acteur principal dans l’affaire d’escroquerie internationale dans laquelle est impliqué l’ancien ministre mentor de DOGO. Comme on le voit, il y a de sérieux doutes que le Juge DOGO soit en train d’agir en homme libre dans le projet de cette nouvelle association.

Enfin, d’autres éléments viennent corroborer les craintes de l’existence d’un tandem pernicieux: il s’agit de l’implication de Me KPANDE-ADZARE comme conseiller dans l’ombre pour l’élaboration des statuts de la nouvelle association, et du Juge AYIM pour servir de caution morale auprès des autres Magistrats.

Me KPANDE-ADZARE, ancien président de la LTDH et connu comme un personnage très trouble, est de la même ethnie que le Juge DOGO et fait partie des conseils respectifs de AGBA BERTIN et de l’ancien ministre dans l’affaire d’escroquerie pendante à la Justice.

C’est donc de bon aloi qu’il assume la responsabilité discrète d’aider en même temps un petit frère et de poursuivre la mission pour laquelle il est gracieusement payé depuis plusieurs années par AGBA BERTIN.

Concernant le Juge AYIM, l’on connaît ses affinités séculaires avec l’ancien ministre pour avoir milité aux côtés de ce dernier dans des associations estudiantines. Sa stature d’ancien dans le corps des magistrats et son poste de Conseiller à la Cour d’Appel de LOME doivent servir d’atouts pour rallier un nombre conséquent de Juges au projet.

Par ailleurs, le cadre choisi pour porter sur les fonts baptismaux l’association – les locaux de CECO GROUP- ne paraît pas anodin quand on sait les problèmes dans lesquels le patron de cette société est empêtré depuis quelques temps et qui ne lui assurent pas des lendemains sereins.

Comme on le constate, l’association qui s’apprête à naître dans les prochains jours, semble être le visage d’une organisation monstrueuse qui risque de frapper durement la Justice togolaise. De toute vraisemblance, il s’agit ici d’un plan bien orchestré dont les objectifs peuvent aller au de-là de ce que l’on peut imaginer, quand on voit tous les moyens qui sont en train d’être déployés.

Les réseaux criminels poussent aujourd’hui leur audace à l’extrême et ne se préservent de rien quand il s’agit de leurs intérêts.La Justice étant le troisième pouvoir, il est donc impérieux que quelque chose soit fait dans l’immédiat pour éviter ce nouveau virus qui menace notre corps judiciaire, et cela passe d’abord par une réaction auto immunitaire efficace.

Il faudrait aussi veiller après à mettre en garde tous ceux qui semblent avoir atterri au sein de la Justice par hasard et qui sont en train de saboter tout le travail fait par les aînés jusqu’ici.